L'amitié franco-allemande

L'amour n'a pas de frontière.

Salut tout le monde,

Avec un titre pareil, la référence historique est lourde de sens, sans doute trop, pour un simple, pour ne pas dire simpliste, article de blog. Rassurez-vous, chers lecteurs, je ne vais pas me lancer dans un essai sur les célèbres poignées de main d'Adenauer et de Gaulle, puis de Kohl et Miterrand vingt ans plus tard. Il s'agira ici de parler non pas de la chute du mur de Berlin le 9 novembre 1989, mais plutôt de la chute du record de berlindude1 lors du Zocktoberfest 2017. Pour autant, je trouve qu'il est intéressant de noter en préambule que la "communauté" Germench, dont il sera question ici, s'inscrit certes modestement mais complètement dans le contexte de l'amitié franco-allemande, en lui donnant un sacré coup de peps : rummel !

Les poignées de main célèbres symbolisant l'amitié franco-allemande (à gauche : de Gaulle et Adenauer en 1963 ; au centre, Miterrand et Kohl en 1984 ; à droite, exe et mv en 2014).

Zocktoberfest, Germenchrummel ? Quelle est l'origine de ces trois mots glissés intentionnellement dans l'introduction, termes étranges et étrangers tellement barbares qu'ils feraient syncoper les éminences grises de l'immortelle Académie française ?

Commençons dans le désordre avec Germench. Contraction des mots anglais German et FrenchGermench désigne la communauté francogermanophone vidéoludophile qui s'est créée de façon spontanée le 7 janvier 2014, dans un grand élan de solidarité suite au triple DDOS du stream sur la chaîne Twitch de MisterMV qui hébergeait le restream francophone de l'AGDQ 2014. En effet, un personnage sordide du nom de PownedFullz n'a pas eu d'idée plus hideuse que de s'attaquer au stream d'un événement caritatif... Mais c'était sans compter sur les ressources insoupçonnées et infinies des communautés francophone et germanophone qui ont fusionné et ainsi annihiler l'attaque, avec d'un côté les commentaires en français sur la chaîne du final fantaisiste Ysangwen et d'un autre le restream allemand sur la chaîne de son camarade d'outre-Rhin exe !

Fu-sion !

Quant à l'interjection rummel, il s'agit d'un terme allemand qui possède plusieurs traductions littérales en français : fête foraine, vacarme, fatras, remue-ménage, battage ou encore fourbi ! En langage courant, rummel désigne ce qui est tendance, hype. C'est devenu le gimmick de la communauté Germench dès sa création, son premier cri à la naissance devenu son cri de ralliement avant de monter dans le Rummel Train : njuu, njuu !

OBB : Opération Bière Baguette !

Enfin, qu'est-ce que le Zocktoberfest ? Hé bien, un mystère plane autour de l'origine étymologique de ce mot. Mes recherches approfondies [une soirée de googling, NDLR] m'ont conduit sur deux pistes, l'une plus convenue et l'autre davantage capillotractée (qui a ma préférence). La première explication serait tout simplement de faire le lien avec la célèbre fête de la bière de Munich, internationalement connue sous le nom d'Oktober. "De la bière et pisse et tout !" résumerait le poète Philippe Lucas.

Élémentaire ? Pas si sûr, car alors pourquoi avoir intercalé la lettre "c" entre "o" et "k" et nous mettre sur la piste de quelque chose de plus rock ? S'agirait-il d'un jeu de mot en référence au Rocktoberfest, ce qui appelle une autre question : qu'est-ce que le Rocktoberfest ? Contrairement à ce qu'on pourrait penser intuitivement, il ne s'agit pas du tout d'un festival de musique rock qui a lieu dans une bourgade allemande. Que nenni, il s'agit d'une fête traditionnelle pour célébrer l'héritage de la culture germanique à Rock City dans le Tennessee, à mi-distance entre Nashville et Atlanta, aux Etats-Unis... où se déroulent les Games Done Quick : la boucle est bouclée !


Bref, tout ça pour dire que le Zocktoberfest Marathon, ZFM en abrégé, est un marathon de speedruns organisé par le chaud bouillant Germench Restream dans le but de récolter des fonds pour Deutsche Krebshilfe, une ONG allemande de lutte contre le cancer. La première édition de cet événement caritatif automnal a eu lieu en 2015 et le troisième opus s'est déroulé durant les vacances scolaires de la Toussaint 2017 avec, pour la première fois, une retransmission en français assurée par le bien nommé Le French Restream.

Affiche de la troisième édition du Zocktober Fest Marathon, non stop du 30 octobre au 5 novembre 2017.

Il est à noter que si la quasi-totalité des runners furent allemands, il y eut grosso modo deux fois plus de monde sur le restream francophone que sur le stream principal en allemand. Ceci est tout à fait logique car on compte plus de 270 millions de francophones à travers le monde contre seulement 120 millions de germanophones [ces "gros" chiffres, comparés aux nombres de viewers epsilonesques sur les deux streams, ne prouvent absolument rien, si ce n'est qu'on peut leur faire dire ce qu'on veut ! NDLR].

Sur le French Restream, comme le veut la tradition, quelques coupures et autres lags ont émaillé çà et là la retransmission pour mettre à l'épreuve la régie, mais Gyoo & co ont géré ces imbroglios avec brio : bravo ! Le chat fut chatoyant et sémillant comme à son habitude, agrémenté des petites friandises d'Halloween telles que les visites impromptues de nos cousins germains speedrunners (dédicaces spéciales à VeniVidiRici et Zylo), sans oublier les gifs de Bif et les trivia de Synha, toujours aussi délectables.

N'omettons pas non plus de souligner les tweets de qualité du @FrenchRestream distillés au fil de l'événement, étonnants et détonants, à déguster avec modération à l'ombre d'un rummellier.

Florilège des pépites des pépiements de Le French Restream.

Je ne vais pas me lancer dans le récit détaillé de plus 160 heures de stream car, pour citer Maman : "c'est impossible, mais de chez impossible du cul." Aussi, je partagerai avec vous, trois anecdotes semi-croustillantes, classées chronologiquement, qui ne sont qu'un ersatz du ZFM 2017. Si vous aussi, vous souhaitez partager un moment qui vous a particulièrement marqué durant ce marathon, n'hésitez pas à le mettre en commentaire.

A la troisième place du podium, il y a l'histoire hilarante de la canette de Moa. Lors de la run de Titan Quest de MrTiger, une euphorie délirante s'est emparée du French Restream lorsque Moa nous a appris qu'il avait réussi à "glitcher" un distributeur de boissons et ainsi obtenu une canette de Pepsi gratis avec quelques piécettes en prime, et les commentateurs de s'enflammer : "Quelle idée incroyable du gameplay émergent IRL !" dixit Aelenwa ou encore "Noraj de mon breuvage" dixit Kanon.

Extrait du journal de bord de la vie trépidante de Moa.

Sur la deuxième marche, on trouve le traumatisme de Ma(rathon)man lors de la run de Sonic the Hedgehog sur Sega Master System par son homologue allemand VeniVidiRici. Pour bien se mettre dans le contexte, il faut savoir que Maman est le détenteur du record du monde sur ce jeu (avec plus de 3000 tentatives !) et qu'il attendait donc ce moment avec une grande impatience et un enthousiasme débordant, bref la hype à son paroxysme ! Oui mais voilà, les aléas du direct ont fait que tout est parti en quenouille : un retard de dix minutes au démarrage (pour une run d'une vingtaine de minutes...), des lags à tire-larigot (potentiellement interprétables comme des glitchs du stream), la loi de Murphy et cætera. Dans ce maelström de guigne, notre Maman national a su faire preuve de professionnalisme jusqu'au bout... non sans subir de graves séquelles mentales comme en témoigne la photo ci-dessous.


"Allô ! Maman bobo ?"

Enfin, la médaille d'or revient au commentaire collégial de Quest for Camelot runné par Berfometh. Il s'agit là d'un cas illustrant parfaitement "la diffraction de l'expérience de jeu", appliquée à un jeu proche du néant intersidéral. En effet, imaginez-vous qu'à la base, il n'y avait personne pour commenter Quest for Camelot et que ce sont sept commentateurs qui ont officié in fine. Ce qui est encore plus cocasse, c'est quand on apprend en cours de route qu'aucun d'entre eux ne connaît le jeu, excepté Loos Guccreen qui n'a jamais fait le jeu mais qui avait lu la soluce dans un magazine Nintendo il y a quinze ans ! Ajouter à cela les références inévitables à la série Kaamelott, les graphismes douloureusement colorés, les animations travaillées mais claudiquantes, une table ronde hexagonale (sic!), j'en passe et des meilleurs, et vous obtenez un "exocommentaire", ô combien fendard, qui restera gravé dans les annales d'Internet !

Les ingrédients de la recette d'un speedrun commenté de haut vol (de canards).

Au final, avec un peu moins de 4000 € collectés en une semaine, le butin amassé lors du ZFM 2017 reste relativement maigre comparé à d'autres événements caritatifs du même type. Mais rappelons qu'il s'agit d'une manifestation encore récente et de faible envergure. Comme le dit le proverbe franchouillard "Petit à petit, l'oiseau fait son nid." dont je préfère la version allemande "Steter Tropfen höhlt den Stein." qui se traduit littéralement : "Goutte après goutte, l'eau creuse la roche.". Nul doute donc que le succès ira grandissant lors des éditions futures.

Mille mercis aux organisateurs, commentateurs, modérateurs, régisseurs & co, ainsi qu'à tous les participants et donateurs : "c'est beau un monde qui joue" surtout si c'est pour une bonne cause !

Le Zocktober Fest 2017, voilà c'est fini... Mais pas le temps de ranconer comme on dit en Occitanie, car le marathon de marathons de speedruns se poursuit à un rythme effréné, avec Bourg la Run dans à peine plus d'un mois à l'occasion du Téléthon, puis avec l'AGDQ en début d'année prochaine. Je vous dis donc à très vite #çavavite !

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