Baphomet's Quintet
Pulsions ! Achat impulsif et trouble obsessionnel compulsif m'ont entraîné sans entraînement, dans un pentathlon de plus de 70 heures, retraçant les aventures trépidantes du juriste américain George Stobbart et de la journaliste française Nicole Collard, à travers les différents épisodes de la série vidéoludique des Chevaliers de Baphomet en VF, ou Broken Sword si vous préférez la VO.
Cette saga cult'n'click a marqué une génération de joueurs par ses intrigues entremêlant brillamment histoire, mythologie et symbologie (The Da Vinci Code de Dans Brown n'a rien inventé !), par ses traits d'humour aussi subtils que piquants à l'image de la chèvre fulminante en clin d’œil à la représentation classique de Baphomet, et par ses personnages principaux qui, bien que clichés au premier abord, deviennent profondément attachants au fil du temps.
Le studio de développement Revolution Software s'est même vu décerner en 2016 par le Guinness World Records, le record de la « plus grande longévité de protagonistes de jeu d'aventure graphique », pour le duo de choc et de charme formé par Nico et George dont les tribulations par-delà le monde ont commencé en 1996.
Il faut à ce titre, tirer un grand coup de chapeau à Charles Cecil, le co-fondateur de Revolution Software et créateur génial de la série Broken Sword, après avoir posé de premiers jalons avec Lure of the Temptress et surtout Beneath a Steel Sky sur lequel il a travaillé en collaboration avec le scénariste et dessinateur Dave Gibbons, principalement connu pour le comics Watchmen (NDLR : ce dernier a apporté sa patte artistique aux versions remastérisées des Chevaliers de Baphomet et des Boucliers de Quetzacoalt).
A l'instar d'Alexandre Astier avec la série Kaamelott, Charles Cecil a su imposer sa signature qui donne ce cachet unique et cette patine si spéciale aux Chevaliers de Baphomet. Il a su insuffler ce qu'Astier appelle « la petite flamme très particulière qui réside dans la personnalité d'une œuvre ». Et le caractère fragile et quasi-impalpable de cette étincelle fait qu'elle très difficile à préserver et à transmettre au sein de toute une équipe de développement et de production. Durant plus de vingt ans, Charles Cecil a été, et est encore aujourd'hui, le garant du maintien de cette flamme, l'âme de la saga.
Mais cette flamme de créativité originale et originelle, à elle seule, ne suffit pas pour engendrer une œuvre d'art vidéoludique. Il faut également qu'elle se diffuse dans un cadre plus technique qui repose principalement sur le triptyque suivant (au sujet duquel il y a matière à ergoter sempiternellement) : l'histoire (scénario et personnages), l'atmosphère (graphismes et sons) et la jouabilité (gameplay et level design).
C'est un dosage savant de ces divers ingrédients qui va susciter l'émotion chez le joueur, le game feel, si tant est que ce dernier soit dans un état d'esprit qui le permette. Cette harmonie de petits riens qui font un grand tout est ce que j'appellerai la « full meta-alchimie ». Et c'est au regard de cela que je vais vous faire part de mon parcours des cinq volets de la série des Chevaliers de Baphomet sur PC.
Ayant décidé de suivre la chronologie des aventures, j'ai donc entamé mon pentathlon avec les deux premiers épisodes, à savoir Les Chevaliers de Baphomet: The Director's Cut et Les Boucliers de Quetzacoalt dans leur version remastérisée de 2010.
Ce fut une véritable replongée dans mon adolescence boutonneuse et bedonnante, puisque j'avais fait, pour la première fois, ces deux jeux loufoques à cette époque. Si dans le cas de Proust, ce fut une madeleine trempée dans le thé de sa tante Léonie qui lui rappela sa tendre enfance, hé bien ce fut pour moi la petite culotte exotique de Nico qui me fit cet effet-là !
Le script de Charles Cecil, le dessin de Eoghan Cahill, la musique de Barrington Pheloung, le doublage français,... tout le charme suranné de la série a refonctionné à merveille sur moi. Et j'ai pris mon pied à parcourir à nouveau les rues de Paris et d'autres endroits plus exotiques, en compagnie de George et Nico, tout en appréciant pleinement le second degré de la série, à côté duquel j'étais souvent passé dans ma jeunesse.
Dans la droite lignée de ces deux premiers opus, j'inscris également l'épisode non officiel Broken Sword 2.5: The Return of the Templar (ou Baphomets Fluch 2.5) sorti en 2008 et développé par mindFactory, un studio « indé » allemand : Rummel !
Viennent ensuite les épisodes 3 et 4, respectivement Le Manuscrit de Voynich (2003) et Les Gardiens du Temple de Salomon (2006). Ce fut pour moi une véritable traversée du désert, pour ne pas dire un calvaire en ce qui concerne le troisième volet. Le Manuscrit de Voynich devait d'ailleurs clore la série, pensée initialement comme une trilogie, et ç'aurait été là une sombre et triste fin.
Malgré des scénarios d'une précision d'orfèvre et des dialogues finement ciselés, la froideur, pour ne pas dire la laideur, des graphismes 3D et le changement de gameplay relayant le point'n'click au second plan pour davantage d'action-adventure, ont rendu ces deux épisodes « fadasses et sans âme » pour reprendre les qualificatifs fort à propos du globetrotteur NwarDez.
Enfin, l'épisode 5 intitulé La Malédiction du serpent (2013-2014) signe un retour aux sources et fait renaître la série de ses cendres. Pour la petite histoire, il faut savoir que ce volet a été financé en partie par les fans via une campagne Kickstarter qui a permis de récolter 820 000 dollars. Cette initiative a été lancée par Charles Cecil lui-même afin que les développeurs aient une liberté créative totale, n'est-ce pas génial ?
Malgré certaines facilités et recyclages, ce dernier opus m'a réconcilié avec la série. J'ai même pris un malin plaisir à le recommencer depuis le début pour avoir le 100% avec tous les succès, certains étant de purs easter eggs. Les mauvaises langues diront peut-être que le côté fan service est un peu trop présent, mais étant fan de la première heure, cela ne m'a pas dérangé, bien au contraire ! Et après avoir souffert le martyr avec les épisodes 3 et 4, je me suis senti revivre en retrouvant l'atmosphère des épisodes 1 et 2.
Au final, malgré quelques fausses notes lors des symphonies n°3 et n°4, j'ai été emballé par ce ballet de Baphomet en cinq mouvements. Charles Cecil et son orchestre ont su maintenir le rythme, la mélodie et l'harmonie pour que la magie opère durant plus de deux décennies.
Au travers des différentes aventures, les personnages et leurs relations ont évolué et la série a su se renouveler, pas toujours avec succès, mais en conservant un univers propre et cohérent, ce qui est une véritable prouesse (NDLR : il n'y a qu'à voir la tempête de critiques essuyée par le huitième épisode de la saga Star Wars !).
Et d'avoir d'ores et déjà, encrée en moi, la pulsion - la « pression artérielle » - de me lancer tête baissée, telle une chèvre enragée, dans l'exploration du sixième opus dès sa sortie !
Il faut à ce titre, tirer un grand coup de chapeau à Charles Cecil, le co-fondateur de Revolution Software et créateur génial de la série Broken Sword, après avoir posé de premiers jalons avec Lure of the Temptress et surtout Beneath a Steel Sky sur lequel il a travaillé en collaboration avec le scénariste et dessinateur Dave Gibbons, principalement connu pour le comics Watchmen (NDLR : ce dernier a apporté sa patte artistique aux versions remastérisées des Chevaliers de Baphomet et des Boucliers de Quetzacoalt).
A l'instar d'Alexandre Astier avec la série Kaamelott, Charles Cecil a su imposer sa signature qui donne ce cachet unique et cette patine si spéciale aux Chevaliers de Baphomet. Il a su insuffler ce qu'Astier appelle « la petite flamme très particulière qui réside dans la personnalité d'une œuvre ». Et le caractère fragile et quasi-impalpable de cette étincelle fait qu'elle très difficile à préserver et à transmettre au sein de toute une équipe de développement et de production. Durant plus de vingt ans, Charles Cecil a été, et est encore aujourd'hui, le garant du maintien de cette flamme, l'âme de la saga.
C'est un dosage savant de ces divers ingrédients qui va susciter l'émotion chez le joueur, le game feel, si tant est que ce dernier soit dans un état d'esprit qui le permette. Cette harmonie de petits riens qui font un grand tout est ce que j'appellerai la « full meta-alchimie ». Et c'est au regard de cela que je vais vous faire part de mon parcours des cinq volets de la série des Chevaliers de Baphomet sur PC.
Ce fut une véritable replongée dans mon adolescence boutonneuse et bedonnante, puisque j'avais fait, pour la première fois, ces deux jeux loufoques à cette époque. Si dans le cas de Proust, ce fut une madeleine trempée dans le thé de sa tante Léonie qui lui rappela sa tendre enfance, hé bien ce fut pour moi la petite culotte exotique de Nico qui me fit cet effet-là !
Le script de Charles Cecil, le dessin de Eoghan Cahill, la musique de Barrington Pheloung, le doublage français,... tout le charme suranné de la série a refonctionné à merveille sur moi. Et j'ai pris mon pied à parcourir à nouveau les rues de Paris et d'autres endroits plus exotiques, en compagnie de George et Nico, tout en appréciant pleinement le second degré de la série, à côté duquel j'étais souvent passé dans ma jeunesse.
Dans la droite lignée de ces deux premiers opus, j'inscris également l'épisode non officiel Broken Sword 2.5: The Return of the Templar (ou Baphomets Fluch 2.5) sorti en 2008 et développé par mindFactory, un studio « indé » allemand : Rummel !
Viennent ensuite les épisodes 3 et 4, respectivement Le Manuscrit de Voynich (2003) et Les Gardiens du Temple de Salomon (2006). Ce fut pour moi une véritable traversée du désert, pour ne pas dire un calvaire en ce qui concerne le troisième volet. Le Manuscrit de Voynich devait d'ailleurs clore la série, pensée initialement comme une trilogie, et ç'aurait été là une sombre et triste fin.
Malgré des scénarios d'une précision d'orfèvre et des dialogues finement ciselés, la froideur, pour ne pas dire la laideur, des graphismes 3D et le changement de gameplay relayant le point'n'click au second plan pour davantage d'action-adventure, ont rendu ces deux épisodes « fadasses et sans âme » pour reprendre les qualificatifs fort à propos du globetrotteur NwarDez.
Malgré certaines facilités et recyclages, ce dernier opus m'a réconcilié avec la série. J'ai même pris un malin plaisir à le recommencer depuis le début pour avoir le 100% avec tous les succès, certains étant de purs easter eggs. Les mauvaises langues diront peut-être que le côté fan service est un peu trop présent, mais étant fan de la première heure, cela ne m'a pas dérangé, bien au contraire ! Et après avoir souffert le martyr avec les épisodes 3 et 4, je me suis senti revivre en retrouvant l'atmosphère des épisodes 1 et 2.
Au travers des différentes aventures, les personnages et leurs relations ont évolué et la série a su se renouveler, pas toujours avec succès, mais en conservant un univers propre et cohérent, ce qui est une véritable prouesse (NDLR : il n'y a qu'à voir la tempête de critiques essuyée par le huitième épisode de la saga Star Wars !).
Et d'avoir d'ores et déjà, encrée en moi, la pulsion - la « pression artérielle » - de me lancer tête baissée, telle une chèvre enragée, dans l'exploration du sixième opus dès sa sortie !
Liens :
- Le site web du développeur et de l'éditeur de la série : Revolution Games
- Le site web de Baphomets Fluch 2.5 développé par mindFactory
- La page Wikipedia des Chevaliers de Baphomet : FR et EN
- Le forum FANDOM dédié à la série : Broken Sword Wikia
- La galerie DeviantArt consacrée à la série : Broken Sword Fan Art
- L'interview d'Alexandre Astier sur « la petite flamme » à l'occasion de la Comi'con Paris 2012
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